Saison Culturelle - Arcachon - Mars 2007 (1)

Dans un impressionnant décor industriel (un chantier portuaire avec des échafaudages et des hangars qui se lèvent à la verticale, des containers entreposés sur un plateau sombre et un moteur de bateau qui traîne dans un coin), le spectacle se déploie en mouvements amples et irruption de scènes brèves, procède par fractionnements et ruptures, pour donner à lire les déchirures et les crevasses d'une société non équitable.

Aucun récit de trafic ni de manipulation des minorités dont on pourrait suivre le fil, aucune démonstration ne sont nécessaires à « Import Export » ; car la poésie et l'abstraction y ont aussi leur place.
Comme avec Bâche, l'impact émotionnel est immédiat, et la danse reste la façon la plus directe et la plus sensible de restituer la présence du monde sur le plateau et de répondre à ce cri d'alarme.
D'où une insistance sur la chute des corps, les déséquilibres et les mouvements au sol, avec des solos très physiques à la gestuelle tendue, tordue et violente, ou avec des danses d'ensemble où les coups finissent toujours en caresse.
Koen Augustijnen, qui danse lui-même de façon très souple, avec douceur ou énergie, sait généreusement combiner la révolte et la tendresse à la manière de la musique qui mêle des partitions baroques à un son électronique.
C'est l'humanité touchante de cette pièce qui fait mouche, comme si le corps et la danse pouvaient tout dire et réagir...